Historique de la gestion des eaux pluviales
En zone urbaine, de nombreux sols sont imperméables empêchant l’infiltration de la pluie, provoquant accumulation d’eau et ruissellement. Pour éviter ces désagréments, une politique de gestion des eaux pluviales doit être mise en place.
Pour en savoir plus : Aménagement urbain et gestion des eaux pluviales - Article du DEHUA Wikhydro
Les eaux pluviales, historiquement vues comme un déchet ou un risque doivent à nouveau être vues comme une ressource indispensable pour les sociétés humaines ET les milieux naturels.
L’évolution des enjeux de la gestion des eaux pluviales
Au fil du temps, la gestion des eaux pluviales en milieu urbain a évolué à plusieurs reprises afin de faire face aux défis propres à chaque époque. Ces enjeux, initialement limités à la prévention et gestion du risque d’inondation, n’ont fait que s’accroître.
Des enjeux ont émergés tels que, la préservation des milieux récepteurs, la recharge de la ressource en eau, l’adaptation au changement climatique…
Pour en savoir plus : De bonnes raisons de recourir à la gestion durable des eaux pluviales
Avec ces enjeux évolutifs, la gestion des eaux pluviales a également évolué :
Une collecte indifférenciée des eaux usées et eaux pluviales : «le tout-à l’égout»
Au milieu du XIXème siècle, pour lutter contre le risque sanitaire, le tout-à-l’égout a été mis en place. Les eaux urbaines (pluviales et usées) sont évacuées par des réseaux de tuyaux et de galeries enterrées et sont rejetées à l’aval. Au XXème siècle, les premières stations d’épuration sont construites pour limiter la pollution des milieux naturels.
En cas de pluie et afin d’éviter les débordements en ville, lorsque les volumes d’eaux usées mélés aux volumes de pluie rejoignant les réseaux dépassent la capacité des station d’épuration, l’excédent est rejeté dans la nature sans traitement.
Le principe du tout-à-l’égout a rempli son objectif de lutte contre les épidémies. Mais il a aussi atteint ses limites à mesure que l’urbanisation et l’imperméabilisation des sols s’étendaient. En effet, les impacts de l’occupation et de l’artificialisation des sols sur le cycle de l’eau entraînent une augmentation du volume d’eau à gérer par les réseaux. Ce système de gestion a conduit à une situation difficilement gérable tant techniquement que financièrement en générant un patrimoine de réseaux conséquent, parfois mal connu, qui nécessite entretien et renouvellement.
Objectifs
+ Lutte contre les épidémies
Source : Méli-Mélo-Graie
Des réseaux séparatifs eaux usées / eaux pluviales
Face à la saturation du réseau unitaire, les réseaux d’eaux usées et les réseaux d’eaux pluviales ont été séparés. Un réseau récolte les eaux usées et les achemine à la station d’épuration et un réseau pluvial collecte les eaux pluviales puis les déverse au milieu naturel sans traitement.
Cette solution connaît des limites. Les volumes d’eau à gérer restent importants et les stations d’épuration arrivent à saturation. Des problèmes de pollution subsistent : la collecte des eaux pluviales concentre, au point de rejet, les pollutions accumulées lors du ruissellement et la mise en séparatif occasionne des erreurs de branchement entre les réseaux eaux usées/eaux pluviales. De plus, la gestion en tout-tuyau est très onéreuse que ce soit en termes de travaux, d’entretien, d’actions curatives et de renouvellement.
Objectifs
+ Lutte contre les inondations
+ Préservation de la qualité des milieux
Source : Méli-Mélo-Graie
Aujourd'hui : vers une gestion durable des eaux pluviales
Ces dernières années, l’émergence de nouveaux enjeux (îlots de chaleur urbains, perte de biodiversité, tension sur la ressource en eau…) a conduit à un changement d'approche : les eaux pluviales ne sont plus considérées ni comme un déchet ni comme un risque mais comme une ressource.
Aujourd’hui, l’eau apparaît comme un élément clé à réintégrer et à préserver face aux enjeux climatiques et environnementaux actuels. Que ce soit en milieu urbain ou en milieu rural, la protection de la ressource en eau, tant en quantité qu’en qualité, devient une préoccupation essentielle.
Chaque mètre carré du territoire est concerné : chaque goutte compte !*
(*Slogan du programme Amsterdam RainProof – agence urbaine de gestion des eaux pluviales)
Chaque goutte d’eau pluviale doit être gérée au plus proche de l’endroit où elle tombe et chaque surface doit réussir à gérer ses propres eaux pluviales. La pluie est infiltrée là où elle tombe pour notamment limiter la pollution du milieu naturel, limiter les inondations en cas de surcharge du réseau et ramener de la nature en ville grâce à des solutions de gestion des eaux pluviales fondées sur la nature. On parle alors de « Ville-éponge ».
Objectifs
+ Lutte contre les inondations
+ Préservation de la qualité des milieux
+ Se rapprocher du cycle naturel de l'eau
Source : Méli-Mélo-Graie
Il n’est pas possible de gérer toutes les pluies de la même manière. Ainsi, la notion de « niveaux de service » a fait son apparition : ils permettent de mieux identifier et de répartir les missions et responsabilités liées à la gestion des eaux pluviales.
« gestion durable », « gestion à la source », « gestion intégrée »,… : un article de l’ASTEE, décrit l’évolution du vocabulaire associé à la gestion durable des eaux pluviales.
Pour en savoir plus : Glossaire
La multi-fonctionnalité, la transversalité et les concertations prennent alors une place essentielle car il s’agit d’éviter d’avoir recours à des solutions et espaces qui ne seraient voués uniquement à la gestion des eaux pluviales (vision purement hydraulique).
La gestion durable des eaux pluviales implique la mobilisation de tous et nécessite que chaque acteur – du particulier à l’aménageur, de l’entreprise à l’agriculteur, à chaque service de la collectivité – rende chaque « surface aménagée » multi-fonctionnelle, assurant ses fonctions propres tout en gérant ses eaux pluviales.
Elle nécessite une articulation entre les différentes compétences de la ou des collectivité(s) (urbanisme, voiries, espaces verts, assainissement, établissements d’enseignement...) en fonction des priorités locales et en prenant en compte l’ensemble des pluies possibles : des plus faibles et fréquentes, aux plus fortes et rares.
Seule la collaboration entre tous les acteurs, usant chacun de ses compétences et leviers peut permettre de répondre aux enjeux majeurs de la gestion des eaux pluviales et de profiter pleinement de leur potentiel.