De bonnes raisons de recourir à la gestion durable des eaux pluviales
Les villes surchauffent, débordent et polluent. L’intensité des phénomènes météorologiques bouleverse les conceptions classiques de l’aménagement du territoire. Il y a urgence à organiser la résilience des zones urbaines et, la gestion des eaux pluviales fait partie des changements nécessaires pour l’adaptation aux changements climatiques et la résilience des territoires.
La « gestion durable des eaux pluviales » est l’approche de la gestion des eaux pluviales qu’il est nécessaire de mettre en œuvre pour répondre à de nombreux enjeux environnementaux, sociaux et économiques.
Pour en savoir plus : Solutions de gestion durable des eaux pluviales urbaines (Wikhydro)
Les transitions aujourd’hui nécessaires, tant écologiques qu’énergétiques, devraient se traduire, pour la gestion des eaux pluviales, par une démultiplication drastique des solutions fondées sur la nature, notamment les plus rustiques et les plus simples, en favorisant une approche « low-tech » ou « sobres en énergie ».
Ces solutions répondent mieux aux enjeux tout en étant plus résilientes, adaptables, durables et multi-fonctionnelles et ce, à coût global moindre grâce aux subventions (études et travaux) pouvant être octroyées, notamment, par les Agences de l’Eau. Pour en savoir plus : Aides financières
Limiter le risque inondation
Les solutions de gestion durable des eaux pluviales permettent d’infiltrer les eaux de ruissellement et/ou de les stocker temporairement (fossés, noues, bassins de rétention...). Un des objectifs est de ralentir les écoulements.
Ces solutions limitent ainsi les risques d’inondation. De plus, l’imperméabilisation des sols augmente les volumes à gérer ; la limiter permet à minima de ne pas, encore, aggraver les risques déjà difficiles à gérer.
Source : ADEME (Aménager avec la nature en ville)
Améliorer la qualité de l’eau et des milieux aquatiques
La gestion durable des eaux pluviales favorise l’infiltration de l’eau de pluie au plus près de son point de chute. Lorsqu’elle s’infiltre, l’eau de pluie est filtrée par les différentes couches du sol et épurée par les organismes vivants qui le composent. Le sol peut même participer à la captation d’éventuels polluants, voire contribuer à la dépollution des eaux de pluie qui alimentent ensuite les nappes d’eau souterraines et les cours d’eau.
Les rejets des réseaux d’assainissement engendrent des pollutions prenant diverses formes. Les rejets de nitrates et phosphore génère de l’eutrophisation dans les cours d’eau. De nombreux autres polluants peuvent être véhiculés par les réseaux d’assainissement (La pollution chimique des cours d’eau et des plans d’eau en France de 2000 à 2020)
Le saviez-vous ?
10%
c'est le pourcentage des eaux usées domestiques rejetées sans traitement dans le bassin Loire-Bretagne
Favoriser la biodiversité et la nature en ville
Les politiques de végétalisation et de gestion durable des eaux pluviales sont étroitement liées. La renaturation des villes offre l’opportunité d’infiltrer les eaux pluviales à la source. (Voir démarche ProofOfConcept – POCvég93).
La gestion des eaux pluviales, basée sur des solutions fondées sur la nature, favorise la biodiversité sur différents plans.
Les sols vivants, structurés par la végétation et la biodiversité des sols infiltrent bien mieux les eaux pluviales, ils sont d’incroyables réservoirs de biodiversité, stockent du carbone… La bande-dessinée « Les super-pouvoirs des sols » vous en dira plus !
Source : les super pouvoirs des sols (Cerema-Mathieu Ughetti))
Une opportunité de limiter les coûts globaux
La gestion durable des eaux pluviales permet de réaliser des économies (globales) par rapport à l’assainissement traditionnel. Elle évite l’installation d’importants linéaires de canalisations et permet de remplacer des bassins coûteux par des espaces publics assurant eux-mêmes la fonction de stockage (parcs urbains, voiries, espaces récréatifs…).
Une étude réalisée en 2018 (Graie) montre que le coût annuel global (investissement + entretien) d’une solution de gestion des eaux pluviales « à la source » (noues d’infiltration) est moins élevé que celui d’une gestion des eaux pluviales «centralisée», par un réseau enterré aboutissant à un bassin. La différence de coût est due aux coûts d’investissement qui sont trois fois moins élevés pour une solution avec des noues d'infiltration que pour une solution tout tuyau (sans compter les futurs coûts de renouvellement de ces ouvrages).
La gestion à la source des eaux pluviales permet de réduire les volumes d’eau envoyés à la station d’épuration, réduisant ainsi les coûts de fonctionnement du système d’assainissement.
Enjeux sociologiques, sociétaux et politiques
La gestion des eaux pluviales, basée sur des solutions fondées sur la nature, apporte de nombreux services écosystémiques à la population. Elle favorise le développement de la biodiversité et participe à l’amélioration du cadre de vie.
Elle permet notamment de lutter contre les îlots de chaleur urbains. Les villes sont le lieu de phénomènes de surchauffe qui peuvent s’avérer problématiques lorsque surviennent des épisodes caniculaires.Pour aller plus loin : Ilots de chaleur : Agir dans les territoires pour adapter les villes au changement climatique ; Plusfraichemaville
Selon l’ADEME, l’écart de températures entre les centres urbains et la périphérie est de 4°C en moyenne, écart pouvant aller jusqu’à 12 °C.
La végétalisation des villes est un des nombreux moyens pour lutter contre les îlots de chaleur urbains. La végétation constitue l’un des principaux facteurs de rafraîchissement du climat en ville en créant de l’ombrage, en réfléchissant les rayons solaires ou par le biais de l’évapotranspiration (glossaire).
Un arbre de taille moyenne peut évaporer jusqu’à 500 litres d’eau par jour !
Cette évaporation absorbe de la chaleur et abaisse localement la température de plusieurs degrés. De plus, la végétation a besoin d’eau. Plus elle en dispose et mieux elle se porte. Infiltrer l’eau de pluie dans les espaces verts ou son jardin permet de maintenir cette végétation en excellente santé en diminuant les besoins d’arrosage. (source : Graie).
La nature en ville contribue au bien-être physique et mental de la population et favorise le développement des relations sociales en créant des espaces de rencontre, de calme, de récréation…
L’invisibilité de la gestion des eaux, tant potables, qu’usées, que pluviales et rivières parfois détournées voire enterrées, a mené à une méconnaissance, voire une incompréhension des usagers et politiques. Le lien social entre les usagers et leur eau a disparu et doit être recréé pour les mobiliser.
Les solutions de gestion durable des eaux pluviales permettent de « faire du beau », sensibiliser, d’associer la population à l’aménagement de la ville, à l’image des projets en cours d’écoles (Pourquoi et comment végétaliser les cours d’école ?).